carreaux de pavement

carreaux de pavement par exemple

carreaux de ciment à motifs et couleurs limités, codifiés presque à l'instar de blasons.

carreaux que l'on ne remarque pas forcément, au sol des entrées d'immeubles, et puis encore après l'arrière-cour dans les autres entrées

sitôt qu'on les remarque, avec leurs motifs récurrents, d'un immeuble à l'autre, entre escalier cire et paillasson, ils se répondent, ils nous renvoient, avec leurs bordures et leurs transitions, les uns aux autres, tant la combinatoire en reste limitée

(ces carreaux décoratifs, ils correspondent à une époque, autour de 1900, même s'il en est produit aujourd'hui encore - il y a également les petites mosaiques, les tomettes, les pavages de pierre ou de bois, les sols en béton, en linoléum, en grands carreaux modernes, j'en conviens, mais c'est sur ceux là que depuis quelques années j'ai pris le réflexe de me pencher un appareil photo ou un crayon à la main)

et si je me concentre sur la palette, sur le langage géométrique qui m'est ici donné à déchiffrer

pourquoi ne pourrai-je comme dans un raccord de film plus ou moins fin, en relevant les yeux avoir changé de lieu c'est-à-dire aussi de temps, me trouvant dans un autre immeuble, dans un autre labyrinthe urbain ?

cette image du film et de la distorsion de l'espace-temps étant à entendre avec à l'esprit le surréalisme plutôt qu'une science-fiction où des bizarreries seraient "menaçantes pour le monde humain".

plutôt le coup de dé mallarméen, ou les zig-zag de Raul Ruiz.

je me rends chez des amis. je monte l'escalier. ils habitent au 4ème étage, porte de gauche en montant l'escalier. et si sitôt le hall de l'immeuble j'avais basculé ?

et si je m'étais trompée d'immeuble ?

et si l'immeuble avait changé de place ou d'agencement interne ?

seuil plutôt que couloir, zone commune foulée des pieds d'inconnus possiblement accueillante


couloir

il s'agit de se couler.

 "SYNTAXE Couloir d'entrée, de la maison; couloir central, obscur, ténébreux, vitré; le couloir aboutit, débouche, dessert, mène, relie; bout, détour, entrée, extrémité, fond, ombre du couloir; dédale, enfilade de couloirs; enfiler, traverser, suivre un couloir; déboucher, disparaître, s'enfoncer, s'engorger, errer dans un couloir; donner sur un couloir."

 Un escalier en colimaçon, à rampe de bois graisseuse; des odeurs et des lueurs de quinquets; des portes, des paliers; tout cela étroit, un labyrinthe de couloirs, de corridors, quelque chose comme ces endroits resserrés où l'on va toujours dans les rêves.
                                                                                          E. et J. de Goncourt, Journal,1863, p. 1274

Il y a deux grandes acceptions au mot. Celle qui vient d'être lue à travers son champ sémantique, et convoquée par les frères Goncourt. Ce couloir peut aussi être le résultat d'une formation géologique après éboulement, écoulement (sans s'attarder sur tous les autres usages du mot - couloir aérien etc.).

Lorsqu'on voyage dans les Alpes, on reconnaît fort bien ces couloirs : ce sont de vastes pentes entièrement dégarnies d'arbres, de rocs, et au bas desquelles sont accumulés des débris séculaires que la végétation envahit et recouvre à mesure qu'en s'amoncelant ils se servent de remparts à eux-mêmes
                                                                                                                 Toepffer, Nouv. genev.,1839, p. 449



La seconde grande acception du mot, existant aussi sous la forme féminine couloire, renvoie à l'élément liquide et concerne l'écoulement, le conduit destiné à un fluide.
Synonyme de tamis ou de faisselle, mais aussi de canal pour des excréments dans les bateaux.

On trouve bien sûr des interférences de sens entre les deux sortes de "couloirs". S'il y a une leçon à retenir, c'est qu'un couloir malgré sa vocation peut être sans issue.


  •  voir le cnrtl : COULOIR1, subst. masc., COULOIR2, subst. masc.;
  •  d'où viennent les citations précédentes ainsi que ce qui suit.
  • Prononc. et Orth. : [kulwa:ʀ]. Couloir ds Ac. 1694-1762; couloir, couloire ds Ac.couloire ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. Couloir. a) Av. 1105 coledoir 1798-1878; judéo-fr. « écuelle à fond de toile pour couler (le lait, etc.) à clair » (Raschi, Gl., éd. Darmesteter-Blondheim, no229); 1376 coulouer (A.N. MM 30, fo59 vods Gdf. Compl.); 1378 couloir (Inv. Mobil. Duc Bourgogne, II, 32 [IGLF M. Âge]); qualité de ,,vx`` ds Rob. 1953; b) 1762 « canal qui rejette les humeurs excrémentielles » (Ac. : Les couloirs de la bile). 2. Couloire. Av. 1105 coledoire « passoire, tamis » (Raschi, Gloses, éd. Darmesteter et Blondheim, no230); colieire (Id., ibid. ds Perles, Beiträge zur Gesch. der heb. und aram. Studien, p. 106 d'apr. Levy Trésor, p. 57 b); 1332 couloere (Compte d'Oudart de Lagny, A.N. KK 3 a, fo139 rods Gdf. Compl.); 1397, 13 mars couloire (Invent. de meubl. de la mairie de Dijon, A. Côte-d'Or, ibid.). Dér. du rad. de couler*; 1 suff. -oir*; 2 suff. -oire*.